Dans ses dispositions anticipées, une résidente des Pays-Bas avait stipulé, après avoir été diagnostiquée de la maladie d’Alzheimer, qu’elle souhaitait bénéficier d’une aide au suicide (active), dès qu’elle entrerait dans un home médicalisé. Une femme médecin a mis en pratique l’aide au suicide sept semaines après l’entrée de la personne âgée dans l’établissement. D’après les médias, la vieille dame avait initialement cherché à résister à la seringue létale. Inculpée d’homicide volontaire, la doctoresse responsable a maintenant été acquittée par le tribunal.

Alzheimer Suisse est choquée par les circonstances du décès de cette femme et le jugement subséquent intervenu aux Pays-Bas. Il est à tout point de vue incompréhensible que, d’après les médias, l’attitude du tribunal « doit être interprété comme un signal important dans les cas où les patients ne peuvent plus exprimer leur désir de mourir ». Nous ne connaissons certes pas le détail des délibérations du tribunal. Nous pouvons néanmoins partir du principe que ce jugement accorde davantage d’importance au désir de mourir, exprimé précédemment dans des dispositions anticipées, qu’à l’expression actuelle de sa volonté par la personne concernée. Du point de vue d’Alzheimer Suisse il est plus que préoccupant, éthiquement parlant, de dénier par un tel jugement la capacité d’exprimer sa volonté, ou encore la capacité de changer ultérieurement la volonté exprimée précédemment à une personne atteinte de démence. En effet, même lorsque les aptitudes à communiquer verbalement disparaissent en raison d’une maladie, les comportements exprimés de façon non-verbale reflètent l’état de santé actuel et doivent donc être reconnus comme l’expression d’un « oui, je veux », ou d’un « non, je ne veux pas » de la part de la personne malade. Il est de ce fait totalement contraire à notre idée d’autodétermination d’une personne atteinte de démence de nier toute expression de volonté dans ses déclarations non verbales !

En Suisse, une telle démarche serait punissable par la loi. C’est le cas, non seulement parce qu’en Suisse, l’aide au suicide active est interdite par principe, mais encore, et à plus forte raison, parce que le cadre pour toute action dans le domaine de l’aide au suicide est beaucoup plus contraignant et que les considérations éthiques sont déterminantes dans des décisions d’une telle ampleur existentielle. En Suisse, il est clairement spécifié que les seules circonstances dans lesquelles l’aide (légale) au suicide n’est pas punissable, c’est quand la personne décidée à mourir exprime clairement son accord au moment fatidique et qu’elle absorbe même de façon autonome la substance létale. C’est pourquoi, en Suisse, l’aide au suicide en cas de démence n’est légale que si la personne atteinte de démence est encore capable de discernement (à savoir dans une phase initiale de la démence), qu’elle est consciente des conséquences de sa décision, ou que le comportement qu’elle exprime sur le moment, de façon verbale ou non verbale, peut être interprété sans ambiguïté aucune. Cela vaut en particulier lorsqu’il est en contradiction avec des dispositions anticipées établies antérieurement.